La RSE des Entreprises : enjeux et réflexions en 2025 au Québec

  1. Propos liminaires sur la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) au Québec : comprendre les enjeux pour agir efficacement

En 2025, la RSE s’impose comme un enjeu incontournable pour les entreprises québécoises. Ce concept, propulsé par une volonté sociétale forte et une conscience écologique accrue, dépasse largement la simple conformité réglementaire en matière de responsabilité. Il se pose en effet comme le reflet d’une intégration volontaire de préoccupations sociales, environnementales et éthiques dans les activités économiques.

Selon un sondage mené par l’Institut du Québec, Credo et le Pôle IDEOS de HEC Montréal, 88 % des entrepreneurs québécois considèrent que les entreprises devraient prendre en compte leur impact sociétal et environnemental. De plus, 84 % estiment qu’elles doivent jouer un rôle proactif dans la résolution des enjeux sociaux et environnementaux, et 59 % pensent que les intérêts des parties prenantes devraient être considérés au même niveau que ceux des actionnaires. Ces chiffres témoignent d’une transformation majeure dans la perception des responsabilités de l’entreprise : les entreprises elles-mêmes le conscientisent 1.

Pourtant, cette transition n’est pas sans zones d’ombre. Si 75 % des répondants jugent leur performance RSE bonne ou excellente, il subsiste un flou quant à la définition même de la RSE, aux actions qu’elle englobe et aux obligations qui en découlent. Dès lors, il serait pertinent, et surtout légitime, de se demander ce que signifie réellement « se conformer au concept de RSE », en 2025, au Québec ?

  1. Une redéfinition des fondements de la responsabilité entrepreneuriale

Des dizaines d’années de croissance exponentielle liée à l’industrialisation se sont résumées en un seul article, publié de l’économiste et auteur Milton Friedman par le New York Times et intitulé « The Social Responsibility of Business Is To Increase Its Profits » 2(La responsabilité sociale des entreprises est d’augmenter leurs profits, en français). Ce dernier pose une vision restrictive de la responsabilité des entreprises à ne se préoccuper que de l’augmentation de leurs profits et donc, in fine, de l’augmentation des dividendes versés à leurs actionnaires. Historiquement, cette vision dominante limitait la responsabilité de l’entreprise à la maximisation des profits. Aujourd’hui, cette posture apparaît surannée, voire totalement archaïque : les impératifs climatiques, sociaux et économiques s’imposent à tous et exigent une révision du rôle sociétal des entreprises.

La Commission européenne définit la RSE comme « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société », en insistant évidemment sur le respect de « la législation en vigueur et les conventions collectives conclues entre partenaires sociaux », mais surtout en admettant qu’il faut que les entreprises « aient engagé, en collaboration étroite avec leurs parties prenantes, un processus destiné à intégrer les préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique, de droits de l’homme et de consommateurs dans leurs activités commerciales et leur stratégie de base » 3. L’Office québécois de la langue française ajoute quant à lui que cette responsabilité découle essentiellement de la « conscience sociale ou nécessité morale » des entreprises d’assumer les « conséquences que leurs activités entraînent pour la collectivité » 4, incitant alors ces dernières à adopter, de leur propre initiative, des pratiques durables. L’adoption de la RSE dans le monde corporatif relève, avant tout, d’une démarche interne et d’une volonté personnelle aux entreprises de mieux agir. Celle-ci est ainsi intimement liée au développement durable, entendu comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » 5.

En somme, la RSE permet aux entreprises d’acquérir « une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement » 6 dans leurs choix opérationnels et stratégiques.

  1. La RSE, un levier crucial au Québec en 2025 ?

Le Québec dispose d’un contexte particulièrement propice à l’essor de la RSE. Il combine des ressources naturelles abondantes, une économie innovante 7 et une population hautement qualifiée. Le taux d’emploi historique de 62,1 % en 2023 8 et la croissance attendue de la population active d’ici 2071 9 démontrent une dynamique socio-économique plus que favorable pour la croissance économique des entreprises.

Dans ce contexte, ces dernières bénéficient d’un terreau plus que fertile pour expérimenter de nouveaux modèles économico-commerciaux intégrant la RSE. D’autant plus que les préoccupations citoyennes sont de plus en plus orientées vers l’environnement et la justice sociale. La lutte contre le changement climatique figure en tête des priorités dans de nombreux pays occidentaux, et le Québec ne fait pas exception : « l’inquiétude est forte dans des pays où les populations constatent que les catastrophes climatiques se multiplient et ont des effets durables sur les infrastructures, la vie humaine et l’économie […]. Du côté des pays d’Europe, d’Amérique du Nord, voire d’Asie, les populations continuent à placer l’environnement dans le top 5 de leurs préoccupations, malgré la crise inflationniste, la pression des thématiques sociales, sécuritaires ou migratoires. De même, dans ces pays, la lutte contre le changement climatique est considérée comme la priorité absolue (comparée aux diverses pollutions, par exemple) ». 10

Dès lors, ignorer la RSE reviendrait à négliger les attentes croissantes des parties prenantes, qu’il s’agisse des consommateurs, des employés, des investisseurs ou des autorités publiques. À l’inverse, l’intégration stratégique de la RSE peut devenir un véritable levier de compétitivité et de légitimité de toute entreprise : des PMA aux plus grandes structures.

  1. De l’intention à l’action : vers une RSE structurée et mesurable

Malgré une volonté manifeste, plusieurs entreprises peinent encore à concrétiser la RSE dans leurs pratiques quotidiennes. Les causes sont multiples et justifiées. On se trouve comme précité en l’absence d’un certain manque de cadre juridique clair, d’une méconnaissance des outils de gouvernance durable, d’un manque de fonds à déployer pour ce type d’enjeux et d’une absence de critères uniformes pour mesurer l’impact social ou environnemental : ces quatre éléments combinés permettent aisément la création d’un cadre inconsistant pour les gouvernants d’entreprises. Cette inconsistance s’illustre alors par le fait que « près du tiers des entreprises sondées répondent que c’est d’abord un manque de ressources qui freine leur évolution en matière de RSE. Parmi les facteurs qui favoriseraient les progrès, on trouve un meilleur soutien financier (46 %), un plus grand degré d’adoption des pratiques de RSE par les concurrents (37 %), un soutien en matière de connaissances, d’expertise et d’accompagnement (36 %), et la législation et les normes exigées par le gouvernement (34 %) » 11.

Face à ces enjeux, il devient essentiel de distinguer les obligations légales (transparence, gouvernance, respect des normes environnementales), les initiatives volontaires (souvent motivées par la réputation ou les valeurs internes), les actions induites par la pression sociale ou médiatique, les stratégies de positionnement commercial, qui instrumentalisent parfois la RSE à des fins marketing (greenwashing 12 ).

Dans cette optique, l’entreprise ne peut se contenter de discours et doit démontrer, par des actions concrètes, la cohérence entre ses engagements et ses résultats. Cela peut notamment passer par la formalisation d’une politique RSE alignée avec les Objectifs de développement durable (ODD), la consultation régulière des parties prenantes par l’intermédiaire de « Comités verts », la publication d’indicateurs de performance extrafinanciers (bilan carbone, équité salariale, taux d’intégration de pratiques écoresponsables), ou encore, éventuellement, l’adhésion officielle et publique à des initiatives internationales (Pacte mondial de l’ONU, normes ISO 26000, etc.). Pour ces cas d’application concrète, comme pour des renseignements plus généraux, notre équipe de professionnels dévoués, chez Gascon et Associés, se fera un plaisir de répondre à toutes vos interrogations et de vous guider dans vos démarches d’intégration de la RSE dans vos organisations !

  1. Conclusion : la RSE, levier de transformation collective

Somme tout, il est important de noter que la RSE ne doit plus être perçue comme une contrainte ou une option réservée aux grandes entreprises ou aux mégastructures, mais bien comme une nécessité systémique qui touche tous les types d’entités corporatives. Elle incarne une manière de repenser l’économie, en intégrant des logiques de responsabilité, de transparence et de durabilité dans la gestion des affaires courantes de chaque corporation.

Pour les entreprises québécoises, 2025 représente une opportunité stratégique de s’ancrer dans une dynamique de changement profond, à la croisée des exigences réglementaires, des attentes citoyennes, et des défis environnementaux. Il est temps de passer d’un engagement de principe à un engagement de résultats, et nous sommes présents, à vos côtés, pour vous épauler dans cette saine dynamique de croissance et de durabilité.

1 « La responsabilité sociale des entreprises au Québec perceptions, défis et pistes de solutions », Institut du Québec, Credo, Pôle IDEOS de HEC Montréal, 2021 (page 13) : https://institutduquebec.ca/wp-content/uploads/2021/12/202112-IDQ-RSE.pdf

2 « A Friedman doctrine : The Social Responsibility of Business Is to Increase Its Profits », Milton Friedman, 1970 (via The New York Times) : https://www.nytimes.com/1970/09/13/archives/a-friedman-doctrine-the-social-responsibility-of-business-is-to.html

3 « Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions », Responsabilité sociale des entreprises : une nouvelle stratégie de l’UE pour la période 2011-2014, Document 52011DC0681 : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex:52011DC0681

4 « Responsabilité sociétale des entreprises : définition », Office québécois de la langue française, 2011 : https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/8357592/responsabilite-societale-des-entreprises

5 « À propos du développement durable », Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs : https://www.environnement.gouv.qc.ca/developpement/definition.htm

6 « Loi sur le développement durable (Projet de Loi 118) », Assemblée nationale du Québec, 2006 : https://www.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/Fichiers_client/lois_et_reglements/LoisAnnuelles/fr/2006/2006C3F.PDF

7 « Les entreprises québécoises de 20 employés et plus innovent de plus en plus », Institut de la statistique du Québec, 2019 : https://statistique.quebec.ca/fr/communique/les-entreprises-quebecoises-de-20-employes-et-plus-innovent-de-plus-en-plus ; et, « Bulletin Science, technologie et innovation », Institut de la statistique du Québec : https://statistique.quebec.ca/fr/document/bulletin-science-technologie-et-innovation

8 « Bilan du marché du travail au Québec en 2023 : l’emploi est en hausse pour une troisième année consécutive, après avoir connu un recul en 2020 », Institut de la statistique du Québec, 2024 : https://statistique.quebec.ca/fr/communique/bilan-marche-travail-quebec-2023

9 « Les nouvelles tendances démographiques rehaussent les perspectives de croissance dans plusieurs régions du Québec », Institut de la statistique du Québec, 2024 : https://statistique.quebec.ca/fr/communique/nouvelles-tendances-demographiques-rehaussent-perspectives-croissance-plusieurs-regions-du-quebec

10 « 43% de la population mondiale se montre très préoccupée par le changement climatique », Ipsos, 2023 : https://www.ipsos.com/fr-ca/43-de-la-population-mondiale-se-montre-tres-preoccupee-par-le-changement-climatique ; et, « Obs’COP 2023 : observatoire international climat et opinions publiques », Ipsos et EDF, 2023 : https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2023-12/Infographie_ObsCOP-2023.pdf

11 « La responsabilité sociale des entreprises au Québec perceptions, défis et pistes de solutions », Institut du Québec, Credo, Pôle IDEOS de HEC Montréal, 2021 (page 5) : https://institutduquebec.ca/wp-content/uploads/2021/12/202112-IDQ-RSE.pdf

12 « Le verdissement d’image (greenwashing) constitue un obstacle important à la lutte contre les changements climatiques. En faisant croire au public qu’une entreprise ou une autre entité fait plus pour protéger l’environnement qu’elle ne le fait, le verdissement d’image favorise de fausses solutions à la crise climatique qui détournent l’attention d’une action concrète et crédible et la retardent », dans « Verdissement d’image – les tactiques trompeuses qui se cachent derrière les affirmations environnementales », Nations Unies : https://www.un.org/fr/climatechange/science/climate-issues/greenwashing

Par Matthias Sanchez

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